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Le CLS et la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé

Le CLS et la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé

La réduction des inégalités sociales et territoriales des santé est l’un des principaux objectifs affichés des Contrats Locaux de Santé.
Mais qu’est-ce que recouvrent ces notions ? Et par quels moyens atteindre cet objectif ?


La définition des inégalités sociales et territoriales de santé (ISTS)


Selon L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les Inégalités Sociales de Santé (ISS) désignent des "écarts injustes que l’on enregistre [entre habitants] d’un même pays, ou entre les différents pays du monde". Elles concernent toute la population, sur l'ensemble du gradient social. C’est-à-dire que « les personnes qui ont une position sociale favorable sont en meilleure santé que celles qui sont juste au-dessous, et ainsi de suite jusqu'aux personnes les plus démunies » (Santé Publique France).
Elles ont des causes multiples : les systèmes de santé, éducatifs et sociaux en place, les habitudes de vie, les facteurs culturels, la capacité à s’orienter dans le système de soins, les différences d’accès et de recours aux soins, les freins financiers, les expositions environnementales différentes, etc.

Selon l’INSEE, ces inégalités sont plus marquées en France que dans le reste de l'Europe (chiffres 2023). Malgré un bon niveau global de santé, on constate des écarts importants selon les territoires et les catégories socioprofessionnelles en termes de risques pour certaines pathologies ou d’espérance de vie en bonne santé.
Les inégalités apparaissent avant même la naissance et se développent dès la petite enfance. Par exemple, à 6 ans, les enfants de milieu social modeste sont plus souvent en surpoids.
Déjà bien ancrées à l’entrée dans la vie adulte, elles auront des conséquences sur la santé tout au long de la vie, notamment par l’accumulation de facteurs de risque entraînant l’apparition de maladies chroniques. Ainsi, à 35 ans un homme cadre peut espérer vivre jusqu’à 84 ans, contre 77,6 ans pour un ouvrier (INSEE, donnée moyenne entre 2009 et 2013).

Aux inégalités sociales de santé se surajoutent des disparités géographiques avec des différences dans l’organisation des soins et de la prévention. Les habitants en zone rurale cumulent souvent des difficultés d’accès aux soins et à la prévention : problèmes de mobilités et d’éloignement des services situés dans les centralités, qui peuvent s’ajouter aux freins sociaux, à la fracture numérique, et aux difficultés de compréhension du système de santé. Cela peut aboutir au renoncement, ou au non recours aux soins.


Les moyens mis en œuvre au sein du Contrat Local de Santé

Pour promouvoir une approche plus attentive aux inégalités, et tendre à leur réduction, l’OMS et Santé Publique France prônent d’aller dans le sens de « l’universalisme proportionné ». Ce principe vise à proposer des interventions destinées à l’ensemble des habitants, mais avec des modalités ou une intensité qui varient selon les besoins.


Au niveau du Contrat Local de Santé, il s’agit donc de penser les deux notions (territoire et social) en même temps, lors de la conception de chaque projet.

Pour pouvoir décliner cet universalisme, différentes modalités sont mises en oeuvre :

- Les démarches « d’aller vers », de délocalisation des actions : il s’agit de mettre à disposition, au plus proche de la population, les actions et les professionnels de santé des villes et structures de soin. Exemples mis en place au sein du CLS du Pays de Brest :

  • Les consultations délocalisées en addictologie sont présentes dans toutes les intercommunalités, à l’échelle des bassins de vie, et dans les structures accueillant le tout public et les personnes en vulnérabilité sociale : Maisons France Services, épiceries sociales ou solidaires, Centres d'Hébergement et de Réinsertion Sociale, pensions de familles, chantiers d’insertion, etc.
  • La Maison Sport Santé Itinérante propose des bilans sport santé aux habitants sur 6 communes de la Communauté d’Agglomération du Pays de Landerneau-Daoulas. Cela permet d'être présent sur les différents bassins de vie du territoire.
  • La Ville de Brest met en œuvre ses différentes actions en santé au sein des quartiers prioritaires : sessions de vaccination COVID durant la crise sanitaire, dépistages buccodentaires pour les enfants, sensibilisations aux gestes de 1er secours, etc. Avec également des démarches de collaboration et la mise en place d'actions avec les structures agissant dans le domaine du social et de la précarité (Point H, la Halte, CHRS, pensions de famille, etc).
  • La future Unité mobile de prévention santé permettra d’aller au plus près des habitants, dans les zones rurales, pour proposer des actions de prévention et de dépistage.
  • Les hôpitaux de proximité du Pays de Brest travaillent avec le CHU pour la mise en place d’une offre de téléconsultations en médecine et chirurgie.

- L’accompagnement personnalisé :

Exemples :

  • Lors des consultations d’aide au sevrage tabagique proposées aux habitants : selon les besoins, des produits de substitution et des cigarettes électroniques sont remis gratuitement aux personnes.
  • Dans le cadre de la Maison sport Santé Initnérante : lors des bilans sport-santé, les capacités financières des personnes sont évaluées avant l’orientation vers les structures sportives du territoire. Et les personnes en situation de précarité bénéficient de séances d’Activité Physique Adaptée gratuites, animées par l’UFOLEP.
  • L’Unité mobile aura pour vocation de repérer les personnes exclues du système de santé et de les accompagner dans leurs parcours, afin qu’elles réintègrent les structures de droit commun.
  • Pendant les manifestations Octobre rose organisées à l'épicerie solidaire de Lesneven Côte des Légendes, le cabinet de radiologie du territoire est présent pour une prise de rendez-vous directe pour les mammographies. Et un système de rappel de rendez-vous et d'aide à la mobilité pour se rendre à la mammographie est proposé par la CLCL.

- La démocratie participative. C'est penser les actions avec les personnes qui en sont destinataires, afin qu'elles répondent le plus justement possible à leurs besoins

Exemples :

  • Dans la phase de mobilisation de la Maison Sport Santé, des habitants et notamment des jeunes, ont été concertés via des focus groupe.
  • La Presqu'île de Crozon accompagne un collectif d'associations de patients et d'aidants pour agir sur la santé du territoire. Ce collectif a pensé l'organisation d'un forum, le 16 avril 2024, qui a pour but d'informer les habitants et créer des collaborations entre associations.
  • Le projet de consultations délocalisées en addictologie comprend un volet de pair-aidance : un soutien par et pour les personnes concernées.

- La co-construction. Pour chaque action, un travail de collaboration et de communication est fait avec les structures accueillant les publics-cible

Exemples :

  • La construction des actions est travaillée avec les professionnels, afin qu’elles soient le plus en conformité avec les besoins du public et avec le fonctionnement de la structure.
  • Des formations ou temps de sensibilisation sont proposés, et permettent aux professionnels du social ou de l’insertion de mieux appréhender les enjeux liés à la santé et de se sentir davantage outillés et légitimes à évoquer le sujet avec leurs usagers. Cela leur permet également de concevoir eux-mêmes des projets de prévention santé au sein de leurs structures. Ces temps sont réalisés sur les addictions, le sport santé, la santé mentale des jeunes, la santé buccodentaire, la santé environnementale, etc.
  • La co-construction et l’information permettent enfin aux structures d’accueillir les actions en leur sein, ou d’orienter/accompagner leurs publics vers les actions organisées dans d’autres lieux.

Grâce à l’articulation de l’ensemble de ces mesures, de la connaissance et la prise en compte des déterminants de santé des territoires, les contrats locaux de santé jouent un rôle essentiel dans la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé. Ils mobilisent les différents acteurs du territoire autours des cinq axes de la promotion de la santé que sont l’élaboration de politiques favorables à la santé, la création d’environnements favorables, le renforcement de l’action communautaire, l’acquisition d’aptitudes individuelles et la réorientation des services de santé.